Trois jours après le séisme dévastateur de magnitude 8,9 au large de la côte Pacifique du Tohoku, le monde entier a découvert le terrible spectacle de mort et de destruction laissé par le tsunami, qui nous rappelle la force meurtrière de l’océan. Nous avons tous été bouleversés par ces images largement diffusées. La COI adresse ses condoléances au peuple japonais et s’engage à poursuivre ses efforts pour coordonner la mise en œuvre des systèmes d’alerte aux tsunamis et leur amélioration dans le monde entier.
L'épicentre du tremblement de terre qui a frappé le 11 mars à 546 Z était situé à environ 130 km à l'est de la côte de la préfecture de Miyagi. L'Office météorologique japonais (JMA) a estimé la magnitude du séisme à 9,0, le 4e de cette ampleur depuis 1900. Des centaines de répliques ont suivi la principale secousse, beaucoup d’entre elles dépassant la magnitude 6.
La première vague du tsunami a atteint la côte la plus proche de l'épicentre environ 15 minutes après le séisme, d'autres vagues, d'une hauteur de 10 mètres et plus par endroits, se sont succédé pendant plusieurs heures. Des communautés entières ont été emportées et de nombreuses infrastructures détruites.
Le tsunami s'est propagé vers l'est dans l'océan Pacifique et les premiers bulletins régionaux sur le tsunami ont été diffusés par le Centre consultatif sur les tsunamis dans le Pacifique Nord-Ouest (NWPTAC) dirigé par le JMA et par le Centre d'alerte aux tsunamis dans le Pacifique (PTWC) à 0555Z. Les bouées DART (Système d'évaluation et d'enregistrement des tsunamis en mer profonde) proches du Japon se sont déclenchées et une vague de 1,08 m a été enregistrée à la bouée DART21418 à 0619Z, confirmant l'existence d'un tsunami de grande ampleur et sa propagation vers l'Est.
Les cartes diffusées par le Centre d'alerte aux tsunamis de la côte Ouest et de l'Alaska (WCATWC) sur la vitesse de propagation du tsunami et sa puissance donnent une première estimation du temps mis par le tsunami pour traverser l'océan et de la direction de l'énergie de l’onde.
Le Centre d\'alerte aux tsunamis dans le Pacifique (PTWC) a tout d’abord diffusé ses bulletins d’alerte à l’ensemble des pays du Pacifique, réduisant ensuite la liste des pays destinataires en fonction des résultats des modélisations régulièrement actualisées.
Au total, le PTWC a diffusé 27 bulletins pendant le tsunami et le NWPTAC, neuf bulletins. Le WCATWC a émis son premier bulletin à 0600Z et 34 bulletins pendant toute la durée du phénomène. Pour obtenir des informations complètes sur le tsunami et sur les bulletins d\'alerte diffusés, voir : http://itic.ioc-unesco.org.
Les pays du Pacifique étaient bien préparés à l\'arrivée des vagues du tsunami. Hawaii a ordonné des évacuations alors que des vagues présentant des creux de plus de deux mètres parcouraient l\'archipel. La côte Ouest des États-Unis a recensé des creux de plus de quatre mètres à Crescent City. Des vagues de plus de quatre mètres de haut ont également été enregistrées le long de la côte du Chili.
Le rôle de la COI dans l\'alerte aux tsunamis est de coordonner les systèmes régionaux d\'alerte aux tsunamis par l\'intermédiaire de son Unité des tsunamis. Forte de plus de quarante ans d’expérience en matière de coordination du Système d\'alerte aux tsunamis et de mitigation dans le Pacifique (PTWS), la COI s’est vu confier par les Nations Unies après le tsunami de 2004 dans l\'océan Indien, la responsabilité de piloter la coordination du Système d\'alerte aux tsunamis et de mitigation dans l\'océan Indien (IOTWS). La COI coordonne également des systèmes similaires dans les Caraïbes (CARIBE-EWS) et dans l\'Atlantique du Nord-Est et la Méditerranée (NEAMTWS). Chaque système est dirigé par un Groupe intergouvernemental de coordination (GIC) qui fait rapport directement à l’Assemblée de la COI. Ces GIC agissent à haut niveau, permettant aux États membres de collaborer au bénéfice de l’ensemble des pays de chaque bassin océanique.
Pendant cette catastrophe, le PTWS a fonctionné correctement. Les systèmes de détection sismiques ont pu identifier en quelques minutes l’emplacement et la magnitude du séisme, ce qui a permis de diffuser en temps utile des alertes régionales aux pays de l’océan Pacifique.
Les bouées DART et les stations de surveillance du niveau de la mer ont bien fonctionné et les systèmes de communication ont permis de suivre le phénomène quasiment en temps réel. Les centres régionaux d’alerte aux tsunamis ont diffusé leurs bulletins en temps voulu et informé correctement les centres nationaux d’alerte aux tsunamis du PTWS de la progression du tsunami.
Il serait pourtant déplacé de parler de « succès », s’agissant d’un phénomène qui a provoqué la perte de tant de vies et des dommages aussi considérables aux habitations et aux infrastructures. Un certain nombre de tsunamis meurtriers se sont produits depuis 2004 : sud de Java en 2006 ; Samoa en 2009 ; Haïti, Chili et Mentawai (Indonésie) en 2010 ; et à présent le tsunami du Tohoku au Japon.
Il s’est agi à chaque fois de phénomènes locaux et soudains, les vagues du tsunami atteignant le rivage avant la diffusion des alertes et avant que les personnes puissent se mettre en sécurité. Les scènes terribles de destruction que les médias nous font découvrir depuis trois jours devraient être prises comme un avertissement par les pays dont certaines zones peuplées sont potentiellement tsunamigènes et les amener à redoubler d’efforts pour élaborer des mesures de sensibilisation, d’anticipation et d’atténuation. Les communautés doivent de leur côté apprendre à reconnaître dans la nature les signes avant-coureurs et à agir immédiatement pour sauver leur vie.
Des recherches ciblées sont par ailleurs nécessaires afin de compléter notre connaissance des zones de subduction susceptibles de provoquer des séismes et des tsunamis de grande ampleur. La COI est prête à soutenir ces activités en collaboration avec ses partenaires et plus que jamais déterminée à atteindre son objectif, qui est de développer des systèmes d’alerte aux tsunamis complets et efficaces aux niveaux régional, national et local.